L’origine d’Agincourt est très ancienne. Comme tous les villages au nom terminé par “court”, il est né pendant la période franque, entre le VI et le X siècle.
Le toponyme “Agincourt” est formé d’un nom d’homme germanique “Ingin” et du latin “Cortem” (corps de ferme).
Au début, ce ,était qu’une métairie près d’une voie romaine reliant Metz à Saint-Nicolas de Port. Ce vieux “Chemin saulnier” était encore utilisé au XIII siècle. Il franchissait l’Amezule au Piroué. Le suffixe de ce nom désigne “le gué”. Il est encore possible de voir ce passage dans le lit du ruisseau en période de basses eaux. Mais dès 1350, un pont est construit (à l’extrémité de la rue Jules Méline).
La terre d’Agincourt dépendait du duché de Lorraine et il fallait payer “la taille”, taxe réglée au duc en 2 termes annuels. Des textes anciens aux environs de l’an mil, attribuent les biens du villages à l’Abbaye Sainte Glossinde de Metz. Elle possédait à la fois le sol, les dîmes et le conduit de l’église. Un régisseur était chargé de recevoir les dîmes “dixième en nature des récoltes” dans la “Grande Cave”, actuellement maison de Benoît Régnier. Elle n’était pas la seule propriétaire : les abbayes de Bouxières aux Dames, Clairieu, Lay-Saint Christophe, avaient quelques petits domaines à Agincourt et à Villers les Agincourt (village sur le ban d’Agincourt abandonnée au XVII siècle).
Un lignage seigneurial s’installa chez nous entre 1250 et 1450, dans une maison forte dont il ne reste rien (peut-être à la place de la tour n°3 de la rue Jules Rougieux). Jacques d’Agincourt (1266) et ses descendants : Thiébaut, Thièri, Thévenin, Arnoult, Broquart, Renaud, Régnier (1456) nous ont légué leur blason “d’argent” à un lion de sinople”
En 1633, George Collignon, sieur de Silly, qui avait été annobli par Charles III, s’installe à Agincourt. C’est son petit-fils, Claude-Charles de Malvoisin, qui hérite en 1699 de la seigneurie. Au début du XVIIIè siècle, celui-ci construit “le château” (1 rue Jules Rougieux). La date 1723 est gravée sur une poutre de l’une des dépendances.
Aux temps mérovingiens, l’église de Dommartin-sous-Amance, érigée dans un site central, rassemblait les fidèles de tous les villages des environs. Cependant Agincourt (Engincurte) possède sa propre église vers l’an mil. Notre paroisse dépendait du diocèse de Toul.
Les villages lorrains ont connu une certaine croissance jusqu’au début du XIVè siècle. Ils connaîtront ensuite des heures tragiques : épidémies de peste, famines, guerres …
“Angiencourt” souffre pendant la guerre de Cent ans où sévissent des bandes de mercenaires (1351-1358-1371 …)
Pendant la guerre de succession de Lorraine (1431-1442), le duc René appelle à son secours son beau-frère le roi de France Charles VII. Les capitaines français rançonnent et pillent les villages. Les “écorcheurs” ravagent tout sur leur passage. La Chambre des Comptes déclare en 1441 que “Angiencourt” est à ruine et n’y a point de maison. En 1463, après 20 ans, rien n’est reconstruit et la petite église n’existe plus.
Une nouvelle église fut bâtie (fin XVè début XVIè) et celle-là nous a laissé des vestiges. Certaines pierres réemployées dans la construction actuelle portent la marque des ouvriers qui les ont taillées. La base de notre clocher est gothique. Le gros pilier au pied de la tour porte des graffitis très anciens ; 1608.1626. En 1603, le roide France Henri IV, de passage à Agincourt, a vu notre petite église gothique.
Hélas ! Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648) des actes de brigandages horribles commis par les Français et leurs alliés ruinent à nouveau nos villages. Les plaintes affluent auprès du Conseil Souverain de Nancy : 4 mars 1636. “Aux environs de Nancy, la misère est profonde. Les habitants de Neuflotte-sous-Amance n’ont plus rien à se mettre sous la dent non plus que ceux d’Agincourt, victimes des Suédois”.
En 1640 “les troupeaux d’Agincourt n’ont produit ni laine, ni agneaux;” Les abbesses de Metz et le duc de Lorraine sont compréhensifs et n’exigent pas les redevances habituelles.
Notre église est en partie ruinée et les réparations se succèdent. Chaque nouvelle reconstruction agrandira peu à peu l’église.
La paix ne se rétablit qu’à la fin du XVIIè siècle et, avec le retour du bon duc Léopold, la vie reprend dans les villes et les campagnes.
Les trois évêchés, Metz, Toul et Verdun, étaient français depuis 1552 et leurs directives ont permis un bel essor de l’enseignement dans nos villages. Dès 1669, l’évêque de Toul oblige chaque paroisse à avoir un “maître d’escholle” pour chanter au lutrin, servir à l’église et instruire les enfants. Les “régents” de l’école d’Agincourt sont connus depuis 1686 et il y avait rarement des illéttrés dans nos villages.
Notre église actuelle est construite en 1761 grâce au curé Charles Brachard. elle est beaucoup plus grande mais, en raison de la place disponible, elle est tournée vers le nord. Les précédentes comme la plupart des sanctuaires chrétiens,étaient tournées vers l’est, là où le soleil se lève, symbole du Christ ressuscité.
En 1766, à la mort de Stanislas, la Lorraine devient française, ce qui ne changera rien à la vie quotidienne des habitants de nos villages.